Près de Toulouse. L'État veut
installer un centre pour migrants : la mairie peste et appelle à manifester
Vendredi 30
septembre 2022, la mairie de Saint-Lys, près de Toulouse, appelle ses habitants
à manifester contre l'installation d'un centre de préparation au retour (CPAR).
Détails.
Par Thibaut Calatayud Publié le 28 Sep 22 à
17:52
Actu Toulouse
Mon actu
Pour la
mairie de Saint-Lys (Haute-Garonne), le projet ne passe pas…
Vendredi 30
septembre 2022, la municipalité invite les habitants, « et toute personne
qui le souhaite », à se réunir sur parking de l’école Tabarly pour dire
non au projet de centre de préparation au retour (CPAR) qui doit ouvrir
en lieu et place de l’Ehpad « La Joie de Vivre ».
Pourquoi ça coince ?
« Eté 2021, la municipalité de
Saint-Lys apprend l’achat de locaux situés en entrée de ville par le groupe
Adoma, mandaté par l’Etat pour y installer un CPAR. Ce centre aura pour vocation d’accueillir
126 demandeurs d’asile dont les demandes ont été rejetées et qui sont
volontaires pour un retour dans leur pays d’origine », explique la mairie
de cette commune de 10 000 habitants, située au sud-ouest de Toulouse.
Dans un
communiqué, le maire Serge Deuilhé et sa municipalité assurent pourtant ne pas être
opposés à ce projet. Alors,
pourquoi ça coince ?
"Ce
projet est disproportionné et incompatible avec les spécificités et capacités
du territoire. C’est en ce sens que la municipalité a proposé de travailler
avec la préfecture à une solution acceptable, une solution qui favorise la
cohésion sociale et territoriale. Force est de constater que nous n’avons pas
été entendus."
Mairie de Saint-Lys
La mairie tacle un « refus manifeste de
concertation »
« Alors
que l’État nous impose de produire des logements sociaux pour répondre aux
besoins de nos populations, ce projet vient à l’encontre de notre situation
dans une entrée de ville à proximité de tous les services publics. Le prix
d’achat de ce bâtiment détenu par une SCI parisienne (Adoma, ndlr) était
au-dessus du marché et n’importe quel opérateur autre que l’État n’aurait pas
pu se positionner », regrette la mairie.
Face à une
situation qu’elle juge « inacceptable », la commune a tenté de
proposer des alternatives à l’État et aux différents acteurs du projet, comme
ce fut le cas lors du conseil municipal du 11 octobre 2021.
Des courriers sans réponse
La
collectivité avait alors soumis l’idée de transformer l’Ehpad en logements
sociaux et de
proposer d’autres bâtiments communaux libres d’occupation pour le dispositif
CPAR.
La
proposition n’a pas été entendue par la préfecture, ni par Gérald Darmanin,
ministre de l’Intérieur, et Monique Iborra, députée Renaissance de la
circonscription de Saint-Lys, sollicités par courrier.
"J’ai
tenté pendant plusieurs mois d’entamer le dialogue avec les services de l’Etat
pour trouver un compromis acceptable par tous. Face à ce refus manifeste de
concertation avec la Mairie et les acteurs concernés, c’est donc en tant que
représentant de la population saint-lysienne que je m’oppose fermement à ce
projet. Mobilisons-nous !"
Serge DeuilhéMaire de Saint-Lys
La préfecture assure avoir échangé avec la mairie
Sollicitée
par Actu Toulouse, la préfecture de Haute-Garonne rappelle que,
dans l’attente de l’ouverture de ce CPAR, les « personnes qui ont épuisé
leurs droits au séjour en France, sont logées en Haute-Garonne dans des
appartements diffus, qui courant 2023 n’auront plus vocation à être des
logements ».
« C'est dans
ce cadre que l'opérateur ADOMA a répondu à un appel à projets de l’Etat-DGEF de
création de places pour accueillir ces personnes dans le département. ADOMA a
recherché un bien immobilier à acquérir pour créer une structure en capacité
d’accueillir ces publics. Ces familles regroupées sur un même lieu, peuvent
ainsi bénéficier d'une plus grande proximité du personnel accompagnant afin de
préparer leur départ et leur réinsertion dans leur pays de retour. Le choix de l'opérateur s’est porté
sur un EHPAD à Saint-Lys dont l’exploitant doit déménager sur une nouvelle
structure fin 2022. »
Préfecture de la Haute-Garonne
Taclés par
la municipalité sur le manque de concertation, les services de l’État assurent
que « le contour de ce projet a donné lieu à de nombreuses réunions
d’échanges depuis juin 2021 entre les services de l’Etat, l’OFII (Office
français de l’immigration et de l’intégration, ndlr), l’opérateur ADOMA et
la mairie de Saint-Lys ».
« 30 familles au maximum »
Selon la
préfecture, ces discussions ont notamment porté sur le nombre de personnes
accueillies dans ce futur CPAR : « Suite à ces échanges ADOMA a porté le nombre
de places initialement prévu de 160 à 120 places. 30 familles pourraient
ainsi être au maximum accueillies sur cet établissement, qui est un
établissement ouvert, où leur sera proposé un hébergement, un encadrement par
une équipe dédiée et des activités en lien avec leur projet de réinsertion dans
leur pays d’origine ». Interrogée sur les alternatives proposées par la municipalité de Saint-Lys,
l’administration indique n’avoir reçu qu’une seule alternative de projet : «
Elle a été proposée dans le même lieu (l’Ehpad, ndlr) ».
Par
ailleurs, la préfecture assure que les migrants hébergés dans ce centre
« n’auront pas d’impact sur les services publics de la commune d’accueil
puisque la durée des séjours liée à l’obtention des laisser-passer
consulaires et des titres de transport s’étale sur 15 jours à un 1 mois en
moyenne. En effet, durant cette courte période les enfants ne sont pas
scolarisés, les personnes logées bénéficient de tickets service à utiliser dans
les commerces proches pour leur repas ainsi que de titres de transport. ADOMA
assure également le suivi médical et social ».